Film argentin – Enfance clandestine

5 Mai. 2013

   – En salles mercredi 8 mai –

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Argentine 1979. Juan, 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents de Juan et son oncle Beto sont membres de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir qui les traque sans relâche. Pour tous ses amis à l’école et pour Maria dont il est amoureux, Juan se prénomme Ernesto. Il ne doit pas l’oublier, le moindre écart peut être fatal à toute sa famille. C’est une histoire de clandestinité, de militantisme et d’amour. L’histoire d’une enfance clandestine.

 

  

 

 

 

 

Benjamín Ávila, lui-même enfant de militants du groupe d’extrême-gauche Montoneros, a vécu à la première personne le parcours attribué au jeune protagoniste d’Enfance clandestine.

La route de l’exil tout d’abord, qui mena la famille au Brésil, au Mexique et à Cuba, puis le retour clandestin au pays afin de mener la résistance intérieure contre la junte militaire. Cette opération, appelée contre-offensive Montonera, qui constitue la toile de fond du film, se solda par un désastre dans lequel périrent la plupart des militants impliqués.

Après la mort de sa mère au cours de cette contre-offensive, Benjamín Ávila fut séparé de son frère qui sera élevé par une autre famille. Le réalisateur ne le retrouvera que bien des années plus tard lorsque, grâce au travail des grands-mères de la Plaza de Mayo, et sa véritable identité sera alors rétablie.

 

 

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Sur cette base autobiographique, Ávila a réalisé un film attachant qui décrit, à travers le regard de l’enfant, la vie quotidienne de cette famille contrainte à la clandestinité. Le petit Juan/Ernesto, même s’il ne comprend pas tous les enjeux de la lutte que ses parents mènent, vit ce contexte extraordinaire comme une situation de quasi-normalité.

C’est d’ailleurs tout le talent du réalisateur argentin — et l’un des intérêts du film — que de nous faire découvrir cette réalité de la guérilla urbaine sous l’angle intime des rapports humains qui se tissent entre les membres de ce réseau. Au-delà de leur engagement politique, ceux-ci vivent en effet une vraie vie de famille dans cette maison, à la fois planque de guérilleros et foyer, dans laquelle les individus se rencontrent, s’aiment, se disputent, fêtent leur anniversaire…

 

 

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Enfance clandestine est également une parabole sur une identité en devenir.

Vis-à-vis du monde extérieur, Juan doit en effet jouer à être un autre (Ernesto) afin de ne pas mettre en péril la couverture soigneusement mise en place par ses parents. C’est dans ces conditions qu’il découvre les premiers émois amoureux de l’adolescence qui, eux, ne tolèrent pas le double-jeu. Cette contradiction constitue l’autre axe narratif du film.

La construction identitaire, propre au processus d’apprentissage adolescent, se fait ici au travers d’un jeu de miroirs et d’identification à plusieurs figures tutélaires : la pureté révolutionnaire et dogmatique des parents, la tentation du mythe héroïque (le Che), mais aussi l’hédonisme pragmatique incarné par l’oncle. Celui-ci représente une voie médiane et moins orthodoxe que celle du père, qui va permettre peu à peu au jeune garçon — avec la découverte de l’amour — de se positionner et de trouver sa propre voie afin d’affirmer à la fin du film, une fois les masques tombés : “Soy Juan”.

  

EN SAVOIR PLUS

Avec France-Inter en deuxième partie de Cosmopolitaine du dimanche 5 mai 2013 :  

http://www.franceinter.fr/emission-cosmopolitaine-kate-summerscale-benjamin-avila

Avec l’historienne Diana Quattrocchi-Woisson  pour découvrir qui sont les Montoneros et le contexte historique de l’histoire, simplement effleuré dans le film mais particulièrement compliqué pour des non-argentins : http://www.zerodeconduite.net/enfanceclandestine/entretien.html

 

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